Un an après le rachat de Twitter par Elon Musk, de plus en plus d’utilisateurs mécontents basculent sur Bluesky. Même si ce réseau social en est à ses débuts, il serait dommage de ne pas essayer d’y mettre en place sa veille.

1. Bye bye les hashtags et les opérateurs de recherche

Sur Bluesky, la surveillance et la recherche d’informations diffèrent considérablement de celle sur X. Les hashtags n’y jouent pas un rôle central. C’est pourquoi il ne sert à rien d’espérer trouver les skeets (terme désignant les publications sur BS) aussi facilement que sur X, puisque rien ne permet de les catégoriser, c’est-à-dire de les indexer.
En l’absence de hashtags, la veille repose sur la recherche par occurrence de mots-clés et sur les variantes orthographiques et synonymiques qu’ils peuvent avoir. Par exemple, si vous souhaitez mettre en place une veille centrée sur le métier de professeur documentaliste, il faudra bien évidemment rechercher l’expression profdoc (sans le # pour ne pas être trop réducteur), mais aussi toutes les variantes qui en découlent :

Autre point pouvant faire mal en démarrant sur BS : son moteur de recherche n’est pas aussi développé que celui de X. Les opérateurs de recherche et de filtrage avancés n’existant pas, il n’est pas possible de filtrer les résultats par l’intermédiaire de booléens via la barre de recherche. Ainsi, passer à BS signifie que vous devrez vous adapter à une approche de veille basée sur le repérage de mots-clés pertinents et sur la surveillance des occurrences de ces termes dans les publications.

Pour réussir à veiller dans ce contexte et à naviguer efficacement dans ce nouvel écosystème, l’astuce consiste à créer une ou des listes de termes de recherche pertinents liés à vos objectifs de veille. Cette stratégie vous permettra de rester informé et de ne pas voir une source ou une information passer sous vos radars.

2. Maîtriser les feeds

Les feeds, ou flux d’information, constituent les éléments centraux de la navigation sur BS. Si à première vue, ce principe ne diffère en rien de X, il compose pourtant une force essentielle de Bluesky : ici, vous devenez le maître de ce que vous voyez. Véritable différence de paradigme par rapport à X, elle est fièrement revendiquée et affichée sur le protocole de l’application.

Si le feed reste un flux de publications continue, il y est possible d’y adhérer ou non ; d’en suivre un seul ou plusieurs ; mais aussi de créer le vôtre par l’intermédiaire d’un custom feed. Les feeds sont alors des outils de veille qui viennent atténuer l’absence de hashtags et d’un moteur de recherche efficace.

Attention : à l'effet "bulle de filtre" induit par cette "customisation" toute personnelle du monde.

Comment faire pour ajouter un ou des feeds ?

• Recourir à l’existant
  Pour cela, il vous faut vous rendre dans l’onglet #Feeds et lancer une recherche dans le moteur situé à côté de « Discover new feeds« . Cette recherche se fait une fois de plus par occurrence, mais aussi par nom d’utilisateur (afin de trouver tous les feeds conçus par un usager en particulier). Si vous disposez de l’URL d’un feed, il ne vous est pas utile de passer par le moteur « Discover new feeds ».
  Le feed vous intéressant identifié, vous pouvez indépendant le liker (ce qui permet de lui fournir un meilleur référencement) ou/et l’épingler (ce qui vous permet par la suite de le trouver en raccourci).

• Créer son propre feed
  Consultez la vidéo d’ActuTech présentée ci-dessous. Elle vous permettra de vous familiariser avec l’applicage tiers SkyFeed, indispensable pour concevoir des feeds lorsque l’on n’a pas une accointance pour le codage. Cette application permet de créer des feeds par l’intermédiaire de « block » réalisant des actions de recherche et de filtrage.

Quelques points de vigilance lors de la création d'un feed via SkyFeed :
1° l’ordre des blocks établit un ordre de priorité (comme en mathématiques) ! Faîtes des tests pour vérifier les différents effets provoqués par l'ajout, le déplacement, etc. d'un block et vous assurer qu’il est bien celui souhaité,
2° parfois Skyfeed bugge (et affiche un texte en rouge à la place des résultats). Il vaut mieux alors laisser la chose de côté et revenir plus tard. Si cela ne fonctionne toujours pas, c'est que votre commande est mal paramétrée (manque ou conflit de block),
3° il est possible d'intégrer plusieurs fois le même block mais avec des usages différents.

3. Les listes dans tout ça ?

Sur X, les listes présentaient l’avantage de centraliser dans un seul espace les tweets en relation avec une thématique ou de regrouper ceux des comptes à suivre. S’il est possible de créer des listes à partir de BS, celles-ci ne remplissent pas la même fonction : elles permettent de mettre en sourdine. Ainsi, les (mute) lists font disparaître de vos feeds les skeets de certains utilisateurs (il n’est pas indispensable d’y être abonné pour les insérer dans la liste). Pourtant, il est possible d’y recourir comme outil de veille de la même façon que sur X, mais cela demande d’effectuer quelques tours de passe-passe.

Une des techniques les plus couramment citée consiste à créer une liste, puis à l’intégrer dans un feed. Afin de faire réapparaître les publications (pour rappel, vous les avez mises en sourdine via votre liste) et après publication de votre feed, il faut vous désinscrire de votre liste en la supprimant. Le feed continuera à fonctionner et les publications vous seront visibles. Pour autant, cette méthode n’est efficace que si votre liste d’utilisateurs est finie, c’est-à-dire que vous n’allez pas la faire évoluer. Auquel cas, il vous faudra recommencer cette manipulation depuis le début.

Une autre solution beaucoup plus pratique consiste à recourir à l’application tiers deck.blue. En plus de proposer une interface qui ravira les nostalgiques du Tweetdeck, cette dernier permet la création de listes de curation. Contrairement aux mute lists de l’application mère BS, les publications des comptes ajoutés à des listes deck.blue restent visibles. De plus, tout comme sur X, il n’est pas nécessaire de suivre un compte pour l’ajouter à une ou plusieurs listes.
Détail important cependant dans le cas d’une veille concurrentielle : les listes ne sont pas privées et apparaissent sous votre profil. On ne peut donc pas techniquement suivre un concurrent sans qu’il le sache.